1.9.07

Éradiquer le chômage, c'est possible


Jules Gazon, professeur émérite à Hec, a imaginé un système contraignant de titres-services.Mais pour le bien de tous

"Est-il éthique de laisser des gens ne rien faire ? À un point tel que certains en perdent l'estime de soi ? N'est-il pas immoral de laisser naître et grandir des enfants en n'ayant d'autre perspective que l'exclusion du monde du travail ?" Pour Jules Gazon, professeur émérite de Hec-Liège, faculté d'économie, de gestion et de sciences sociales, la réponse à ces questions est non. Pour lui, il est possible d'offrir un statut de travailleur à tous. Et il en fait la preuve dans un bouquin, paru en juin dernier : Ni chômage, ni assistance. Du choix éthique à la faisabilité économique.

"Il y a une dizaine d'années, j'ai été sollicité par la Région wallonne pour trouver des solutions pour remettre les chômeurs au travail, explique Jules Gazon. J'ai, alors, avancé une dizaine d'idées." Restées lettre morte pour la plupart...

À la pension, il a décidé de rédiger un rapport pour les gouvernants concernant la lutte contre le chômage. Après s'être documenté, il est vite venu à la conclusion que le chômage longue durée était intolérable tant pour les actifs que pour les inactifs. Et il a formalisé des propositions en ce sens sous formes de schémas mathématiques pour démontrer leur faisabilité économique.

Il a imaginé un système de titres-services obligatoires. Il s'agit de prélever 2,9 % du coût salarial de chaque travailleur et de les convertir en crédits de proximité. Avec ceux-ci, on pourrait consommer des petits services : transport de personnes, garde de jeunes enfants, jardinage, aide ménagère...

"D'après mes calculs, on pourrait remettre 49 % des chômeurs au travail directement, poursuit le Liégeois. Les autres, inaptes à travailler dans des emplois de proximité - à cause d'un décrochage total par rapport au milieu du travail ou à cause de qualifications trop élevées - seraient dirigés pour la plupart vers des formations de remises à niveau soit vers un nouvel emploi." Ceux qui refuseraient ne recevraient plus d'allocations de remplacement. Les indigents, évidemment, ne seraient pas concernés.

Et tout cela devrait être une opération blanche car, selon les calculs de Jules Gazon, les frais engagés pour les formations de remises à niveau viendront des alloctions de chômage qu'il ne faudra plus verser aux 49 % des chômeurs remis au travail.

En ces heures de négociations pour un futur gouvernement, il semble que la proposition ne laisse personne indifférent puisque le professeur avoue être en contact assez appuyé avec différents partis politiques, tant flamands que francophones. Il devait d'ailleurs donner aujourd'hui une conférence à Floreffe, aux universités d'été du PS.

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