11.2.07

A Bethlehem, chambre d'hôtel avec vue sur le Mur

Bethlehem Inn. It sounds good for a hotel. Don't you think so ? But we haven't any client. The problem is simple : the Wall.


La journée de samedi a été assez éprouvante physiquement mais surtout moralement. Nous sommes allé à Bethléem, à quelques kilomètres de Jérusalem. On nous a prévenu la veille, il y a un check-point sur la route. Le passeport est donc indispensable. C'est donc assez innocemment que nous sommes montés dans le bus en direction de la ville où serait né Jésus-Christ. Arrivant à ce fameux check-point, je me suis rendu compte que c'était le point de passage au milieu du Mur, de protection pour les uns, de la honte pour les autres. J'avais déjà vu des images à la télévision ou dans la presse mais je dois avouer que j'ai été secoué de voir le mur juste là, à côté de moi.

Nous nous sommes rendus au Bethlehem peace center où la Chief executive de la campagne Open Bethlehem nous a dressé le portrait de la ville. Bilan : 22 églises, 11 mosquées, 3 camps de réfugiés, 30 % de chrétiens, 70 % de musulmans et 27 colonnies dans les environs. Ce qui est frappant dans l'exposé de ce petit bout de femme aux airs très décidés, c'est la disposition du mur, haut de 8 mètres de haut. "Que le Israéliens veuillent mettre un mur pour éviter les attentats, je peux le concevoir, dira-t-elle à mon plus grand étonnement. Mais pourquoi faut-il que ce mur longe des maisons et nous coupe de nos terres arables ? Ne pouvaient-ils pas le mettre le long de la frontière présumée ou au moins à l'éxtérieur de la ville ?" Pour elle, cela correspond à une volonté d'écraser les habitants de Bethléem. Et conclut en disant que "nous n'avons rien à opposer à l'Autorité israélienne. Nous sommes en prison, venez nous rendre visite. Nous avons besoin de soutien international."
Ce samedi midi, nous avons mangé au Bethlehem Inn, un sympathique petit hôtel, avec une particularité certaine : les chambres sont comprises avec vue sur le mur (et le vide qu'il entoure au beau milieu de la ville). J'ai eu du mal à retenir mes larmes en voyant passer une maman palestinienne. Elle tenait son enfant enveloppé dans une couverture et marchait le long de ce mur où messages d'incompréhension, de dégoût, de haine se mélangent avec d'autres qui eux invitent à l'humour et à la paix. J'étais tout groggy à table. Je peinais à manger mais mon voisin, le directeur du Center for conflict resolution & reconciliation, Noah Salameh, m'a encouragé. "Il faut manger, m'a-t-il dit. Ils ont peu de clients, consommer ici, c'est les faire vivre. Il n'y a donc aucun mal à manger même avec le mur..."

Nous avons aussi visité le plus vieux camp de réfugiés des territoires palestiniens, Deheisheh. Ici, aussi il y a de quoi être retourné même si je dois honnêtement avouer que je pensais que cela allait être pire. Naji Owdah, directeur du centre Al-Feneiq, a mis en exergue la vraie humiliation : pour lui le problème n'est pas tant que les logements ne soient pas parfaits mais le fait que leur liberté de circuler soit constamment entravée, qui est révoltant. Ils ont besoin d'aussweiss pour aller voir leur famille, pour aller travailler... et comme ils ne les reçoivent quasi jamais...

En fin d'après-midi, le maire de la ville nous a reçu. Victor Batarseh est un vieil homme - un chrétien ! cet état de fait est protégé par un décret présidentiel, Bethléem doit garder son caractère chrétien - qui a été à l'université au Caire en même temps que Yasser Arafat. Comme seules peuvent le faire les personnes avec une expérience avérée, le maire nous a avancé de nombreuses théories assez sages : se positionne contre les attentats-suicides, d'accord sur les 22 % proposés à la Palestine, critique ouvertement les pays arabes pour qui la Palestine n'est qu'une ligne de leur agenda... Pour lui, dès que le problème des territoires sera réglé, la paix viendra le lendemain.


Ce qui est fascinant, c'est l'inébranlable volonté de tous les gens que nous avons rencontrés. Ils pensent tous que la paix est proche, ou peut-être pas trop lointaine... Comme cet homme à Bethléem, qui vendait du café au parfum divin.

Crédit photos : Didier Bauweraerts

PS : Demain, le point de vue va s'inverser puisque je donnerai la paroles à des Israéliens. S'ils sont tous pour la paix, ils ont une vision fort différente de l'occupation, du mur... Explications très pertinentes.

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