20.4.06

Daniel Féret au bac !


Dans un communiqué, le Centre pour l'égalité des chances et la lutte contre le racisme, la Ligue des droits de l'homme et le Mouvement contre le racisme, l'antisémitisme et la xénophobie se réjouissent de l'arrêt rendu ce 18 avril 2006 par la Cour d'appel de Bruxelles.

Dans une décision longuement motivée, argumentée et équilibrée, la Cour condamne Daniel Féret et Georges-Pierre Tonnelier pour incitation à la haine, à la discrimination et à la ségrégation raciales et prononce une peine d'inéligibilité (10 ans pour D. Féret, 7 ans pour G.P. Tonnelier). Par ailleurs, ne pouvant bénéficier du sursis en raison de condamnations antérieures, D. Féret est condamné à une peine de travail de 250 heures dans le secteur de l'intégration des étrangers. Ce sont non seulement des tracts diffusés par le FN, mais également le programme du parti qui ont été sanctionnés par la Cour.

La Cour écarte les arguments de D. Féret qui espérait échapper aux poursuites en raison du caractère soi-disant politique des délits. Cette décision s'inscrit dans le droit fil de la jurisprudence de la Cour de Cassation (arrêt Vlaams Blok).

La Cour s'appuie également sur la jurisprudence de la Cour européenne des droits de l'Homme pour tracer clairement les limites à la liberté d'expression et plus précisément dans la sphère politique.

L'asbl Front National est acquittée, la Cour considérant qu'elle était distincte du parti lui-même et que l'absence d'activité de l'asbl ne permettait pas de constater qu'elle avait joué un rôle quelconque dans la commission des délits.

Depuis sa création en 1985, le Front National (FN) diffuse régulièrement des tracts racistes et assure, via son site Internet, une tribune de choix à sa propagande haineuse visant à renforcer les stéréotypes xénophobes à l'égard des populations issues de l'immigration. Entre 1999 (élections régionales et législatives) et 2001, le parti d'extrême droite a distribué, en Région bruxelloise et dans certaines communes wallonnes, des tracts aux contenus ouvertement racistes et discriminatoires, caricaturant de manière dégradante les étrangers et nos concitoyens issus de l'immigration.

La Ligue des droits de l'Homme, le Centre pour l'égalité des chances et la lutte contre le racisme et le Mouvement contre le racisme, l'antisémitisme et la xénophobie (MRAX) se sont alors constitués parties civiles dans l'action pénale exercée contre Daniel Féret (président et député fédéral du Front national), Georges-Pierre Tonnelier (bras droit de Daniel Féret et responsable du site Internet du FN) et contre l'asbl « Front national », du chef d'infraction à l'article 1er, 2° et 4°, et à l'article 3 de la loi du 30 juillet 1981 tendant à réprimer certains actes inspirés par le racisme ou la xénophobie.

Le 4 juin 2003, le tribunal de première instance de Bruxelles rendait un premier jugement dans ce dossier en se déclarant compétent pour examiner le fond de l'affaire. Appels et reports d'audience se sont alors multipliés, les parties poursuivies utilisant manifestement toutes les possibilités que leur offre la procédure pour ne pas avoir à répondre du fond du dossier : appel de Daniel Féret concernant la compétence du tribunal de première instance, pourvoi en Cassation à deux reprises, défaut, changements d'avocats, etc.

La Cour a condamné un discours visant à inciter la population belge à la haine des étrangers, notamment en les assimilant à des profiteurs ou en faisant des amalgames entre les étrangers et le terrorisme, la criminalité ou l'insécurité.

Les parties civiles se félicitent que la justice ait donné un signal fort, rappelant aux responsables politiques qu'on ne construit pas une société sur des considérations racistes. A six mois des élections, ce rappel à la loi est salutaire.

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15.4.06

Une femme présidente ?

A l'heure où une majorité d'observateurs parle principalement d'une élection présidentielle qui opposerait Villepin à Sarkozy... une figure fait parler d'elle, c'est la socialiste Ségolène Royal. Les sondages la placent assez bien, en tout cas mieux que les deux représentants de l'UMP cités plus haut dans la course au siège suprême ;-)

La présidente PS de la région Poitou-Charentes se dit prête à prendre ses responsabilités. Personnelement, je pense que cette femme pourrait bousculer la politique française. Un souffle nouveau dans le monolythe d'outre-Quiévrain ne ferait pas de tort.

N'étant pas un fin spécialiste de la politique française (loin de là), j'en reste là et vous propose la lecture d'un article du Nouvel Observateur n° 2161, du 6 au 12 avril, intitulé Ségolène Royal : ses idées, sa stratégie. Un entretien qui permet de se faire une idée... favorable ou défavorable...

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4.4.06

Merci Monsieur René Haquin



Ce lundi 3 avril, je suis allé pour la première fois de ma vie à Beauraing, dans la province de Namur. Ce petit bled ne m'a pas attiré pour son architecture mais pour un des ses illustres habitants : René Haquin. Ce grand journaliste est décédé jeudi dernier. Je suis donc allé à son enterrement. Voici le mot que j'ai laissé sur le site du Soir :

Un soir, il est venu donner un cours à l'Institut de Journalisme (IDJ), c'était en 1999 ou en 2000. Du haut de mes 20 ans, j'ignorais totalement qui il était. Je dois avouer que j'ai vraiment commencé à lire les journaux à cette époque, impossible donc pour moi de connaître le talentueux René Haquin du Soir. Malgré tout, je me rappelle de cette soirée comme si c'était hier.

J'ai été frappé par une chose : l'énergie de René Haquin. Un petit bonhomme était assis face à une vingtaine de personne. Il semblait assez vieux, il avait les traits tirés. Pourtant, à chaque mot qu'il prononçait, il dégageait un tel enthousiasme, une telle vitalité ! Une vie de journalisme derrière lui ne l'avait nullement blasé ni aigri. En tout cas, il ne nous l'a pas fait sentir. Il racontait ses expériences les plus extraordinaires, les plus folles. Des histoires de juge qu'il réveillait en pleine nuit parce qu'il avait eu une bonne info et qu'il devait la vérifier... Moi qui ne le connaissais pas à l'époque, je n'osais croire toutes ses paroles tant elles semblaient incroyables. Mais cela ne m'empêchait pas de m'émerveiller face à tant de fougue et de plaisir transmis par cet inconnu.

Quand les deux heures de cours se sont terminées, il y eut un goût de trop peu. Je serais bien resté toute la nuit à écouter le vécu de ce grand Monsieur. En l'écoutant, je savais que je ne me trompais pas en me dirigeant vers le journalisme. Par après, j'ai scruté sa signature dans le Soir. Jour après jour. J'ai alors compris pourquoi il avait une telle aura. Quel plaisir de lire ces articles ! Et un jour, pendant les quelques mois que j'ai passé au Soir, je l'ai croisé dans les couloirs : je lui ai reparlé de la soirée qu'il a passé à l'IDJ avec nous et je l'ai remercié pour ce bon moment. Il m'a répondu : C'est moi qui te remercie. Cela me conforte dans l'idée que c'est important de parler avec les jeunes. Bonne chance à toi ! Dans ma courte vie, trois journalistes m'ont marqué de manière indélébile par leurs convictions, leur charisme et leur manière de partager leurs expériences. René Haquin est de ceux-là. Je ne l'oublierai jamais.

Merci encore Monsieur Haquin.


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